En tant que parent, on encourage naturellement ses enfants à faire du sport. On sait que c’est bon pour leur santé, pour se défouler, pour l’esprit d’équipe. Mais concrètement, qu’est-ce que la pratique du basket change sur le long terme ?
Une récente étude scientifique publiée le 5 novembre 2025 dans la revue Scientific Reports (Nature Publishing Group) s’est penchée sur la question en suivant des adolescents sur 3 ans. Les résultats vont bien au-delà de l’aspect purement sportif. Ils révèlent comment le basket transforme en profondeur le corps et la santé des jeunes, avec des bénéfices qui les accompagneront bien au-delà du parquet.
Décryptage des enseignements majeurs de cette étude espagnole.
Une étude sérieuse sur 3 ans de pratique
Des chercheurs espagnols ont suivi pendant trois années scolaires un groupe de 17 garçons âgés de 8 à 13 ans, tous inscrits dans un programme extrascolaire de basketball. L’objectif ? Mesurer précisément les effets d’un entraînement régulier sur leur corps, leur forme physique et leur santé globale.
Le programme était structuré de manière progressive : durant les deux premières années, les jeunes s’entraînaient deux à trois fois par semaine (sessions de 2 heures) avec un match le week-end. La troisième année, l’intensité a augmenté avec deux entraînements hebdomadaires de 3 heures chacun, dont une heure passée avec des joueurs d’une catégorie supérieure. Au total, 96 semaines d’entraînement ont été réalisées sur les trois ans.
Les participants ont été suivis médicalement avec des examens complets : composition corporelle, tests physiques (endurance, force, vitesse), et analyses sanguines pour évaluer les marqueurs de santé métabolique et inflammatoire.
Une approche scientifique rigoureuse pour mesurer les vrais effets du sport sur l’organisme en pleine croissance.
Des muscles plus forts, un corps qui se développe harmonieusement
L’un des résultats les plus encourageants concerne la composition corporelle des jeunes basketteurs. Contrairement à ce que certains parents pourraient craindre, la pratique intensive du basket n’a pas empêché la croissance : tous les garçons ont grandi normalement en taille et en poids, avec un indice de masse corporelle stable et sain.
Plus intéressant encore : leur masse maigre (c’est-à-dire les muscles, les os et les organes, sans la graisse) a considérablement augmenté, particulièrement dans les membres supérieurs et inférieurs. Concrètement, les jambes ont gagné en masse musculaire sur les trois ans. Les bras et les épaules ont également montré des gains significatifs. Cette augmentation reflète le développement harmonieux du système musculaire, essentiel pour la santé à long terme.
Le pourcentage de graisse corporelle, lui, est resté stable tout au long du programme, ce qui signifie que le basket a favorisé la construction musculaire sans accumulation de masse grasse excessive. Pour des enfants en pleine croissance, c’est exactement ce que l’on recherche : un développement physique équilibré qui pose les bases d’une bonne santé future. D’autres études trouvent des résultats similaires avec le football ou encore la natation.
Une forme physique qui s’améliore sur tous les plans
Les tests de condition physique réalisés régulièrement montrent des progrès impressionnants dans plusieurs domaines clés.
L’endurance cardiovasculaire
Le test Navette (le fameux « bip bip » que l’on fait parfois en début d’année) a révélé une amélioration spectaculaire : les participants ont gagné en moyenne 4,2 minutes de temps de course entre le début et la fin du programme. Cette progression témoigne d’une nette amélioration de la capacité cardiorespiratoire, c’est-à-dire de l’aptitude du cœur et des poumons à fournir de l’oxygène aux muscles pendant l’effort.
Pour un jeune joueur, cela signifie concrètement : moins de fatigue durant les matchs, une meilleure récupération entre les efforts, et une capacité à maintenir son niveau de jeu plus longtemps.
La force musculaire
L’évaluation du gainage a montré une progression constante, signe d’un renforcement de la ceinture abdominale et du tronc. Cette zone du corps, appelée core en anglais, est fondamentale pour l’équilibre, la stabilité et la prévention des blessures.
La détente horizontale a également progressé tout au long de l’étude, démontrant que la puissance explosive des jambes, essentielle pour les sauts, les démarrages et les changements de direction au basket, s’est considérablement développée.
La vitesse et l’agilité
Le test de vitesse sur 40 mètres a confirmé que les jeunes sont devenus plus rapides au fil des années. Cette amélioration de la vitesse de sprint est directement liée aux gains de force musculaire et à l’amélioration de la coordination neuro-musculaire.
Seul le test de suspension (flexed arm hang – rester suspendu à une barre de traction, bras fléchis) n’a pas montré d’amélioration significative, ce qui suggère que le basketball, bien que très complet, sollicite moins la force statique des bras et des épaules que d’autres aspects physiques.
Ces avancées persistent même après les vacances d’été, prouvant la durabilité des bienfaits du basket pour les jeunes. Un garçon qui court plus longtemps sans essoufflement ? C’est non seulement utile pour le match, mais pour toute la vie active.
Des indicateurs de santé métabolique rassurants
Tout au long des trois années, les paramètres sanguins des jeunes basketteurs sont restés dans des valeurs normales et saines. Glycémie, cholestérol, triglycérides, insuline : tous ces marqueurs du métabolisme – c’est-à-dire la façon dont le corps utilise l’énergie – n’ont montré aucun signe inquiétant.
La tension artérielle a même montré une légère tendance à la baisse progressive au fil des années d’entraînement, ce qui est un excellent indicateur de santé cardiovasculaire.
C’est d’autant plus important que des habitudes sportives régulières durant l’enfance sont associées à une réduction du risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et de certains cancers à l’âge adulte.
L’inflammation : un signal d’adaptation à surveiller
L’étude a toutefois mesuré des marqueurs inflammatoires dans le sang, des molécules qui indiquent si le corps réagit à un stress, une infection ou un effort physique intense. C’est là que les résultats deviennent plus nuancés et méritent notre attention.
Qu’est-ce que l’inflammation liée à l’exercice ?
Quand on fait du sport intensément, le corps produit naturellement des substances inflammatoires, notamment des cytokines (petites protéines messagères). C’est un phénomène normal et même bénéfique à court terme : l’inflammation aide les muscles à se réparer et à devenir plus forts après l’effort.
Le problème survient lorsque cette inflammation devient chronique, c’est-à-dire qu’elle persiste dans le temps sans période de récupération suffisante. On parle alors d’inflammation de bas grade (IBG), qui peut être néfaste pour la santé, particulièrement chez les enfants en pleine croissance.
Ce que l’étude a observé
Durant les deux premières années du programme, les marqueurs inflammatoires sont restés globalement stables. Mais lors de la troisième année, période durant laquelle l’intensité et la durée des entraînements ont augmenté, plusieurs marqueurs ont montré une élévation significative :
- IL-8 (Interleukine-8 – marqueur typique d’un effort musculaire intense) : +400%
- TNF-α (Facteur de nécrose tumorale alpha – signal d’activation immunitaire et métabolique) : +98%
- PAI-1 (Inhibiteur de l’activateur du plasminogène – marqueur de la régulation de la coagulation) : +86%
- MCP-1 (Protéine chimiotactique des monocytes – marqueur d’inflammation chronique de bas niveau) : +23%
Ces augmentations sont importantes et reflètent probablement une réponse du corps à l’augmentation de la charge d’entraînement. Les chercheurs suggèrent que cette élévation pourrait être un signe d’adaptation physiologique à l’intensité accrue, mais elle soulève également la question d’un possible surentraînement.
Que faut-il en penser ?
Il est important de contextualiser ces résultats. Les chercheurs précisent plusieurs points essentiels :
- Aucun signe clinique de maladie : malgré l’élévation de ces marqueurs, les jeunes n’ont présenté aucun symptôme de santé préoccupant, et tous les autres paramètres métaboliques sont restés normaux.
- Une réponse à l’intensification : l’augmentation coïncide précisément avec la troisième année, où les jeunes se sont entraînés plus longtemps et avec des joueurs plus âgés et plus forts.
- Un signal à ne pas ignorer : chez les enfants, une inflammation chronique peut interférer avec la croissance normale, altérer la fonction immunitaire et augmenter le risque de blessures.
Les auteurs de l’étude insistent sur un point crucial : l’équilibre entre intensité d’entraînement et récupération est fondamental, surtout chez les jeunes en développement. Le surentraînement peut avoir des effets contre-productifs.
Ces augmentations de marqueurs inflammatoires sont attendues chez de jeunes sportifs : elles reflètent l’adaptation naturelle du corps à l’entraînement intensif, notamment la réparation musculaire et le renforcement du système immunitaire. Rien d’inquiétant en soi si elle est temporaire et bien gérée : cela traduit surtout que leur organisme s’adapte et devient plus fort, à condition d’un bon repos et d’une alimentation équilibrée.
Les recommandations pratiques pour nos jeunes
Cette observation rappelle l’importance de :
- Surveiller les signes de fatigue : baisse de motivation, performances en déclin, troubles du sommeil, irritabilité
- Respecter les temps de récupération : le repos fait partie de l’entraînement
- Adapter l’intensité à l’âge et au niveau : tous les enfants ne réagissent pas de la même manière
- Maintenir un suivi médical régulier : les bilans de santé permettent de détecter précocement d’éventuels déséquilibres
- Écouter son corps : la douleur persistante ou la fatigue extrême ne sont pas normales
Cette étude nous rappelle qu’un bon programme sportif n’est pas seulement celui qui fait progresser techniquement, mais aussi celui qui préserve la santé à long terme.
Le basket, un sport complet pour la santé des jeunes
Malgré la nécessité de surveiller l’intensité d’entraînement, cette étude confirme que le basketball pratiqué régulièrement apporte des bienfaits considérables pour la santé des enfants et adolescents :
- Développement musculaire harmonieux sans prise de graisse excessive
- Amélioration de l’endurance cardiovasculaire, base d’une bonne santé cardiaque
- Renforcement de la force musculaire, en particulier des jambes et du tronc
- Développement de la vitesse et de l’agilité
- Maintien de paramètres métaboliques sains (sucre, cholestérol, tension)
Le basket sollicite l’ensemble du corps grâce à ses multiples actions : courses, sauts, changements de direction, tirs, passes. C’est cette diversité qui en fait un sport particulièrement complet pour le développement physique des jeunes.
Limites de l’étude et perspectives
Les auteurs de l’étude sont transparents sur les limites de leurs travaux. L’échantillon était relativement petit (17 garçons) et il n’y avait pas de groupe témoin sans entraînement pour comparaison directe. De plus, l’étude n’a porté que sur des garçons prépubères, et les résultats pourraient différer chez les filles ou chez des adolescents plus âgés.
Les chercheurs appellent à de nouvelles recherches avec des cohortes plus larges et diversifiées pour confirmer ces observations et mieux comprendre les différences liées au sexe, à l’âge et au stade de maturation. Ils soulignent également la nécessité d’études pour évaluer les conséquences potentielles à long terme du surentraînement et de l’inflammation chronique chez les jeunes athlètes.
Conclusion : le basket, un investissement pour l’avenir
Cette étude longitudinale de trois ans nous offre une photographie précieuse des effets du basket sur la santé des jeunes. Les résultats sont globalement très positifs : amélioration de la condition physique, développement musculaire harmonieux, et maintien d’une bonne santé métabolique.
L’observation concernant les marqueurs inflammatoires en troisième année nous rappelle une vérité essentielle : plus n’est pas toujours mieux.
Pour que le sport soit bénéfique, il doit être pratiqué avec intelligence, en respectant les besoins physiologiques de chaque jeune et en veillant à l’équilibre entre effort et récupération.
Parents, entraîneurs et jeunes joueurs : cette étude nous encourage à poursuivre la pratique du basketball tout en restant attentifs aux signaux du corps. Car oui, le basket est un formidable outil de développement physique et de prévention des maladies futures. Mais comme tout outil puissant, il doit être utilisé avec discernement.
À l’AOC Saint-James Basket, nous nous engageons à offrir à nos jeunes un environnement d’entraînement qui favorise leur progression tout en préservant leur bien-être et leur santé. Parce que former de bons basketteurs, c’est avant tout former des jeunes en bonne santé, épanouis et passionnés. Le basket n’est pas seulement un jeu : c’est une école de mouvement et de santé.
Source de l’étude
Castro-Collado, C., Jurado-Castro, J.M., Gil-Campos, M. et al. Changes in body composition and low-grade inflammation status in boys during a basketball afterschool program for three years. Scientific Reports, 15, 38916 (2025). https://doi.org/10.1038/s41598-025-22628-5


